Mon instant sur cette terre
« J'habite un hôtel situé entre la rue et la mer. (...) Entre l'éphémère et l'éternel, c'est là mon foyer. » Albert Carlson/Karlsson, le narrateur qui s'est enrichi en cultivant des oranges, contemple le monde depuis la fenêtre de son appartement de Laguna Beach, près de Los Angeles. Il vit depuis plus de quarante ans aux États-Unis. C'est le soir de sa vie. Ses pensées l'entraînent vers ceux, parents et amis, qui ont été les siens, quelque part en Suède.
Tout en nuances, ce roman de Vilhelm Moberg, Mon instant sur cette terre, interroge la vulnérabilité de l'émigrant, sa solitude mais aussi ses attaches, la dislocation de son identité et sa mémoire écharpée dans les tourbillons de la ville. Il se nourrit d'allers-retours entre la Californie et la Suède, le Nouveau monde et l'Ancien. Dans la continuité de son opus majeur, La Saga des émigrants, et de son superbe roman La Femme d'un seul homme, il évoque la destinée de proches restés au pays natal. « J'ai quitté le pays du genévrier pour celui de l'oranger parce que je voulais vivre longtemps sur cette terre. » Plus que jamais, Vilhelm Moberg cherche sens à la vie. Un très grand texte.