Georges Darboy, figure aujourd'hui quelque peu oubliée, fut pourtant
une des principales personnalités de l'épiscopat français sous le
Second Empire. Évêque de Nancy, puis archevêque de Paris à partir
de 1863, grand aumônier, sénateur, Darboy est un familier de
Napoléon III et de la cour des Tuileries, en même temps qu'il
s'affirme, dans le contexte de la crise italienne, comme un adversaire
du pape ou, plus exactement, un adversaire des doctrines
intransigeantes. Résolument acquis à l'idée que l'Église doit vivre
avec son temps, il se prononce pour les principes de 1789 et s'affirme
comme un adversaire du Syllabus. C'est aussi en fonction de cette
volonté de conciliation qu'il considère comme inopportune la volonté
des intransigeants de faire adopter le dogme de l'infaillibilité pontificale
au concile du Vatican, réuni par Pie IX à partir de décembre 1869.
Il y fut un des principaux chefs de file de la minorité. Mais plus
encore que cette prise de position doctrinale, c'est sa mort tragique le
24 mai 1871, sous les balles des derniers communards, qui donne à
son existence un caractère particulier. Il est le dernier évêque victime
du cycle révolutionnaire commencé en 1789 dont la Commune est le
dernier soubresaut.