Ils sont quatre comme les Cavaliers, les Éléments, les Vérités, les Vents...
Quatre compères péripatétiques, un rien pathétiques, dont la mâle empathie n'est pas sans accrocs.
En ce 1er avril de l'an 1960 « de l'ère vulgaire », ils mutualisent leurs efforts pour que leur Folie raisonne et que leur Raison s'étonne, sans fanatisme ni sectarisme. Si la Folie a droit de cité parmi les Sages, il faut bien que la Sagesse habite les Fous. Ainsi ne cessent-ils de s'interroger, en feignant l'ignorance - voire la bêtise : en cela, ils manifestent un surcroît d'ironie, à la fois socratique et voltairienne.
Morosophoï, qui se veut une reprise de flambeau dans la tradition des Lumières, est un Conte philosophique en quatre mouvements : un vade-mecum résolument humaniste pour une actualité cycliquement hasardeuse.
« - Les fous sont des sages qui ont cultivé la Sagesse en pot. Les sages sont des fous qui ont cultivé la Folie en pleine terre. - À ceci près que le nommé St Paul déclare que « Dieu a frappé de folie la sagesse du monde. » - Et Averroès s'en fendu d'un traité titré : « Incohérence de l'incohérence » (...) - Arrêtez cette joute caduque, ou bien vous allez vous retrouver avec le gros nez scrofuleux du « Vieillard » de Ghirlandaio ! » (I, 24)
« - L'Être Suprême, s'il existe, en est toujours à la veille de son Septième Jour, englué dans une Genèse qui n'avance pas. -Il ne pousse que des arbres empoisonnés. - Ces arbres sont les arbres du Savoir ! - Vous prendrez bien encore un peu de Connaissance... ?! » (II, 6)
« - Découper l'âme suivant le pointillé. En tordant un peu les pieds de part et d'autre, elle tient parfaitement debout. Jetez le support. Vous pouvez aussi le plier en huit ou en douze pour caler une pensée bancale... » (III, 1)