Le poète polonais Zbigniew Herbert (1924-1998) avait réuni en 1993 dans Nature morte avec
bride et mors ses essais sur la Hollande. Avec Un barbare dans le jardin (1962), consacré à la
France et à l'Italie, et Le Labyrinthe au bord de la mer (2000), à l'Antiquité grecque et latine, c'est
le second des trois livres, désormais publiés au Bruit du temps, qu'il ramena de ses voyages
en Europe de l'Ouest.
«Je compris d'emblée, si difficile que ce soit à expliquer rationnellement, qu'il m'arrivait
quelque chose de grave, d'essentiel, bien plus qu'une rencontre fortuite au milieu d'une foule
de chefs-d'oeuvre. Comment définir cet état d'esprit ? Brusque éveil d'une curiosité aiguisée,
l'attention tendue, les sens mis en état d'alerte, l'espoir d'une aventure, consentement
à l'éblouissement. J'éprouvai une sensation presque physique, comme si quelqu'un
m'appelait, me faisait signe. Le tableau - précis, insistant - s'ancra dans ma mémoire pour
de longues années.»
Zbigniew Herbert, «Nature morte avec bride et mors».