Dans la présentation des longs extraits de sermons paroissiaux qui constituent l'ossature de ce livre inédit en français, Louis Bouyer a délectation à écrire ce que pense Newman et ce qu'il pense avec lui. Qu'il s'agisse de la présence de Dieu au coeur même de l'existence, qu'il s'agisse de la réalité du monde invisible au sein de la création, de l'immortalité de l'âme ou du don qui divinise l'être du baptisé, ou encore de la vision qu'il convient d'avoir de l'Église, le discours newmanien avance, riche des références bibliques qui s'imposent et des alluvions doctrinales laissées par une haute tradition, surtout puisée chez les Pères de l'Orient chrétien. Tous ces thèmes qui sont les fondamentaux de la foi trouvent, sous la plume de Louis Bouyer, la rigoureuse exégèse qu'ils méritent et surtout leur mise en perspective où il excelle à les confronter dans un parallèle avec ce qui serait aujourd'hui considéré comme le pastoralement correct ! La foi est connaissance et elle est vie, l'une à l'autre indissolublement liées. L'assentiment à la vérité révélée appelle le témoignage dans les moeurs et la conduite. Louis Bouyer ne manque pas de souligner ce double enjeu de la prédication de Newman. Pour ma part, je n'avais jamais autant que dans ces textes réalisé combien l'art de Newman, en utilisant comme une palette la richesse du vocabulaire qui gravite autour d'une idée à faire saisir, ou d'une image à illustrer, ou encore d'un argument à plaider, provoque toujours aujourd'hui l'ébranlement intérieur que sa prédication produisait alors dans l'âme de ses auditeurs.