Ni Fakir ni Birman ressuscite la figure d'un voyant « oriental » très célèbre en France dans les années 1930, en l'envisageant du point de vue de la culture, médiatique et visuelle, de son temps. Si le Fakir Birman est évidemment l'acteur principal de cette histoire, il constitue d'abord un objet de recherche que Bertrand Tillier traite en historien de la presse et des imaginaires sociaux.
Le caractère savant du livre n'exclut pas une écriture alerte, voire un ton comique qui renvoie à la théâtralité protéiforme du personnage. Chaque chapitre raconte un moment de l'ascension du Fakir Birman, en même temps qu'il analyse les différents contextes dans lesquels celle-ci s'inscrivit. Des scènes de spectacle aux pages des journaux, de la photographie à la radio, cet individu aux talents singuliers eut recours à des moyens de communication visant explicitement les masses telles qu'on les appréhendait dans les années 1930.
Après un procès retentissant contre les « marchands d'illusion » à la veille de la guerre, le rideau tombe définitivement en 1952 sur le Fakir Birman, retrouvé mort à son domicile. À la rubrique des faits divers, nous entrevoyons alors la vie d'un homme, redevenu ordinaire, dont l'originalité aura été finalement celle d'une époque et la célébrité une construction collective.