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Roman fleuve, oui, dans un décor historiquement exact, selon la formule mise à la mode par les Américains (et l’on ne manquera pas d’évoquer, à son sujet, « Autant en emporte le vent »)... Mais les lecteurs ne s’y tromperont pas : « Notre-Dame de la liberté » continue la tradition européenne, et s’inscrit plutôt dans les traces de Don Quichotte et de Gil Blas. C’est toute l’Espagne de tous les temps que l’on y retrouve, couleur, exubérance, contrastes, corridas, superstitions, passions politiques, révolutions. On y part en l’aimable compagnie de deux jouvenceaux s’aimant d’amour tendre : lui, Raymond Grandlieu, jeune étudiant lyonnais, bien content de fuir à cette occasion son oncle et tuteur, Maigreteste ; elle, la Naranjita, une délicieuse petite Espagnole, cousine de la main gauche de Raymond. Ils emmènent comme duègne l’ineffable « Tante Rine », vieille parente de Raymond, cœur d’or, cuisinière accomplie, qui ne quitte ni son chapelet, ni « Léon » son perroquet. Il s’agit, pour Naranjita, d’aller troquer la misère contre l’opulence que lui promet son ascendance maternelle : n’est-elle pas la petite-fille d’un Grand d’Espagne, conseiller du roi ? Grâce à la statue de Notre-Dame de la liberté, précieuse relique de famille qui n’a jamais quitté Naranjita et que celle-ci ramène au pays natal, les voyageurs viennent à bout des innombrables difficultés qu’ils rencontrent, dans un pays en pleine fermentation politique. Après un périple qui les conduit de ville en ville, l’insaisissable grand-père peut enfin être abordé. Il ne résiste pas à la grâce exquise de Naranjita, et à la suite d’Alphonse XIII, qui vient d’abdiquer, le vieux marquis de Cordoba ramène en France Naranjita, son amoureux, la Tante Rine, et le perroquet. Et ce n’est qu’à la dernière page que les lecteurs, captivés, découvrent le véritable sens de cette merveilleuse aventure.