« Un endroit où aller »
Notre vie s'use en transfigurations
« Je raconterai plus tard quand et comment j'ai fait l'apprentissage de la violence, découvert ma laideur », écrivait Sartre dans Les mots. Cette histoire, on ne la lit nulle part. La littérature a engendré des monstres sublimes et des bouffons difformes, des Caliban, des Thersite et des Quasimodo, mais la laideur banale, celle sur laquelle les regards glissent et les promesses se brisent, elle s'en est peu souciée. Elle l'a abandonnée aux contes, dont les vilains petits canards, les miroirs flatteurs et les peaux d'âne ont bercé nos rêves et nos terreurs enfantines, et où s'abreuve encore, bien après, nos visages devenus des masques qu'on ne peut plus ôter, notre désir secret de métamorphose.