Pain sans chocolat est un récit autobiographique. D'abord en Corse - non point la Corse apprivoisée du littoral mais celle, âpre de l'intérieur, dure au travail et taciturne, coupée de vallées étroites qui se dépeuplent. Des paysages somptueux et des odeurs de maquis qu'on emporte avec soi pour toujours.
Une famille pauvre n'ayant d'autre choix que de "monter" à Paris en ces années de dépression suivant la crise de 1929. Ménilmontant. Le moule intégrateur de l'école laïque dans ce XXe arrondissement que Pioli évoque avec la précision des photographies de Robert Doisneau et la gouaille tendre de Prévert.
La guerre. Un père prisonnier. Une mère faisant des ménages. Et un adolescent, dans un Paris occupé, qui apprend à vivre et à se battre.
Jean Vincent Pioli, d'une écriture limpide et chargée de mémoire, redonne, sans complaisance, vie à une époque.
Gérard Chaliand