Avec Paradis, Dante aborde l’ultime partie du voyage avec Béatrice pour accomplir sa mission : donner à lire, à ses contemporains et à la postérité, le “poème sacré”. Il entre alors dans la connaissance d’un au-delà (du monde terrestre /de la pesanteur / du temps / du langage) où tout est aboli : actes du corps, rêve, temps et espace, paysages, figures humaines. Rien n’importe plus, sinon la “connaissance du vrai”, l’un des pivots de la pensée dantesque. Une expérience à ce point hors du commun, “divine”, qui est expérience de l’éternité requiert le déploiement de toutes les ressources du langage si bien que Paradis regorge de formes novatrices destinées à en rendre compte et que la traductrice Danièle Robert réussit magnifiquement, entre brio, empathie et rigueur, à restituer pour mieux nous faire prendre la mesure de l’invention extraordinaire que constitue l’oeuvre de Dante ( de la naissance duquel sera fastueusement célébré, en 2021, le sept-centième anniversaire).