Cette étude s'inscrit dans le champ nouveau de la recherche historique qu'est l'histoire des femmes et des rapports entre les sexes. Petites filles, adolescentes encadrées par les congrégations puis par l'Ecole de la République, ouvrières des ateliers de rubanerie, mères de famille que les autorités de l'entre-deux guerres entendent protéger, sages-femmes de-quartier ou encore employées de la maison Casino sont les actrices d'une histoire écrite à travers les parcours individuels et collectifs de trois générations de femmes. Une relecture des sources classiques, enrichie par l'enquête orale, a permis de mettre en lumière les contraintes diverses qui pèsent sur les femmes mais aussi les pouvoirs dont elles sont investies, ainsi que les partages du masculin et du féminin. Au fil de cette recherche, on voit enfin surgir de multiples décalages entre les réalités de la société stéphanoise, en ce premier xxe siècle, et les représentations fournies par la mémoire, celle d'hommes et de femmes qui, au-delà de leurs différences, partagent bien une histoire commune.