Un demi-siècle déjà s'est écoulé depuis la fin de la guerre
d'Indochine. Pour fixer à jamais ce cruel épisode de notre histoire, j'ai
fait appel à vos témoignages authentiques, appel à vos souvenirs les
plus personnels, les plus intimes. Ces mots que l'on confie à l'être cher,
ces paroles que l'on dépose sur le papier, sans artifice, en toute sincérité.
Et j'ai vu affluer plus de lettres que je ne pouvais l'imaginer...
des cris et des écrits d'une telle franchise, d'une telle vérité, que j'ai
souvent eu, en les lisant, la larme à l'oeil.
Ces Paroles d'Indochine reflètent la tragédie écrite dans la souffrance,
l'isolement et j'ose le dire, le «merdier».
Pour nous, il fallait durer, encore durer, sans qu'on sache trop
pourquoi. Aujourd'hui, je sais qu'il ne faut pas oublier, qu'il faut
se dresser pour crier haut et fort aux jeunes que c'est avec l'expérience
de notre passé qu'ils bâtiront leurs lendemains. À cette jeunesse
qui se cherche, racontons les vraies valeurs, celles qui font les
vrais hommes.
Cet ouvrage, Paroles d'Indochine, florilège des plus beaux écrits
reçus et publiés en 1998 et 1999, raconte l'histoire de ces hommes.
La chronologie en temps réel va de 1945 à la chute de Diên Biên
Phu jusqu'à la fin du conflit. Mais les dates sont dérisoires. Seule
compte l'aventure humaine racontée ici par ceux qui se souviennent
et ceux qui ne sont jamais revenus.
Général Marcel Bigeard