Voici un livre qui souhaite dépeindre notre vie dans
la culture, notre façon de profiter, au sein de celle-ci, des
horizons qu'elle nous offre et des sens dont elle nous propose
le partage. Nous sommes un peu égarés devant la diversité
des possibilités que nous pouvons ainsi embrasser : le
livre caractérise notre condition comme celle d'une liberté
perplexe, mais ce ne sont pas la liberté ni la perplexité que
l'on conçoit ordinairement.
Chaque région de sens dans laquelle nous pouvons nous
enrôler appelle une étrange description qui en dégage les
tables de la loi : pour accomplir cette tâche, la philosophie
prend un nouveau visage, celui de l'ethanalyse ; elle entend
dans certains mots (les sollicitants) un appel et elle explicite
les prescriptions régissant la réponse à l'appel (la sémance
de l'ethos). Un précédent ouvrage (Territoires du sens, Vrin,
2007), avait procédé ainsi à l'ethanalyse de trois régions, celle
de l'amour, celle du politique et celle du sujet. Le présent
essai aborde la région de la vérité, celle du dialogue, celle du
corps, celle de la mort et celle de la philosophie.
À propos de cette dernière, il suggère une façon différente
et affectueuse d'envisager le schisme entre philosophie
continentale et philosophie analytique. À l'occasion de
l'examen de la région vérité, le livre tente une récapitulation
des grands principes et problèmes de l'épistémologie de la
logique, des mathématiques, de la physique et des sciences de
l'interprétation. Traitant du corps et de la mort, on découvre
une tradition de l'avoir/être un corps et une normativité de
l'attitude envers la mort.
Dans une partie ultime, l'auteur s'attache à traiter de genres
et disciplines qui se tiennent au bord de l'ethanalyse et qui,
à la limite, pourraient contester l'autonomie du domaine
qu'elle se donne ou la méthode qu'elle suit : d'un côté la
littérature, de l'autre les sciences sociales. Le livre est ainsi
amené à distinguer trois sortes de littératures et à comparer
la perspective des sciences sociales sur l'être-ensemble avec
celle de l'ethanalyse.