À travers l'oeuvre-vie de Robert Schumann, Frida Kahlo, Blaise Pascal,
Jean-Jacques Rousseau, Fedor Dostoïevski, Joë Bousquet, Helen Keller,
Démosthène et de bien d'autres figures souvent mythifiées, Charles
Gardou donne à voir la place de la vulnérabilité dans toute vie et les
ressorts nécessaires pour la surmonter. Comme tant d'anonymes, ces
femmes et ces hommes font subir un renversement, un retournement au
handicap. Ils composent, peignent, écrivent, créent, certes pour s'exprimer,
mais avant tout pour s'emparer de leur vie et lui rendre sa hauteur.
Leurs itinéraires singuliers témoignent d'une réalité paradoxale : le
handicap impose de multiples limitations et impuissances, d'indicibles
détresses, des sentiments d'infériorité. Il contraint à renoncer à des aspirations,
il réduit parfois en poussière des désirs et des projets, il restreint
certaines capacités, mais en aucun cas, il n'obère l'ensemble des possibilités
d'un être. Certaines peuvent même s'accroître.
À l'heure où l'on exalte la facticité, où s'affiche la loi de la force, parfois
avec indécence, l'auteur rappelle combien l'oubli des valeurs de la fragilité
génère mépris et exclusion. À l'instar de Fragments sur le handicap
et la vulnérabilité. Pour une révolution de la pensée et de l'action (éd.
2013) et de La société inclusive, parlons-en ! Il n'y a pas de vie minuscule
(2013), il montre que l'homme est d'autant plus fort qu'il se connaît et
s'assume vulnérable. Il ouvre ainsi à une intelligence de la fragilité.