Les modernes, dit-on, affirment la souveraineté du sujet. Cependant, d'innombrables prosternations nous cernent : le Père Noël, la Tour Eiffel, le Tour de France, le marathon, les avions, l'Internet, la photomaton, la dentisterie, l'apéritif, les vacances, les voeux du nouvel an et bien d'autres. De tous côtés, l'impératif trépigne : aime-les ! Le Père Noël ? Un saint plein d'amour et de générosité. La Tour Eiffel ? Une architecture progressiste dont le génie français peut légitimement s'enorgueillir. Le Tour de France ? L'épopée magnifique des héros du sport cycliste. Le marathon ? Une leçon de dépassement de soi.
Et si ces idoles étaient elles-mêmes des haines déguisées ? Et si elles enseignaient en catimini à aimer la violence, la domination, la guerre ? Les haïr deviendrait dès lors salutaire et juste. Toutes les haines ne sont pas de propagande ou d'intimidation. Il y a des haines d'émancipation, des haines qui sont de l'indignation transformée en action. Ce livre contribue à la déconstruction analytique, jubilatoire et subtile, de quelques-uns des objets psycho-politiques de notre temps, sans verser toutefois dans la critique systématique. Des amours, apparemment impromptues, fleurissent, au milieu même des haines, dont elles sont la vérité.