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La BD belge des années 1920-1960 a bénéficié d’un fort impact social sur un temps étendu. Elle a notamment offert au genre nombre de « classiques », constamment réédités, comme les exploits de Tintin ou ceux de Spirou. Il s’agit d’une littérature pour les jeunes, et même avant tout pour les jeunes garçons, qui privilégie l’esprit d’aventure ou l’humour. Mais les éditeurs et les auteurs n’étaient pas coupés de leur époque, et un certain discours politique transparaît entre les cases et les bulles.
La BD belge d’expression française est ainsi marquée par sa naissance au sein de milieux catholiques conservateurs, voire maurrassiens. Durant l’entre-deux-guerres, on trouve dans maints récits des clichés anticommunistes, antiaméricains, antisémites ou colonialistes. Après 1945, les cartes sont largement rebattues. Dans le cadre des nouvelles alliances, des héros pilotes de chasse américains font leur apparition, tandis que les vieux clichés à connotation raciste tendent à disparaître. Mais on peut aussi raisonner en termes de permanences, et noter qu’un monarchisme plus ou moins diffus imprègne la production belge, depuis les années 1930 jusqu’aux années 1960.
Cet ouvrage n’entend ni exalter un prétendu « âge d’or », ni dénoncer des errements idéologiques, mais permettre aux amateurs de relire la BD belge sous un angle plus politique, et fournir aux enseignants des pistes pour mieux intégrer le 9e art au sein de leurs pratiques pédagogiques.