Philosophie des sciences de la matière
La science a pris des allures de tour de Babel en s'émiettant en d'innombrables disciplines sur-spécialisées. Au point qu'on peut se demander si les scientifiques poursuivent encore un idéal de connaissance, que l'on prétendait jadis universelle. De fait, l'aventure scientifique moderne pourrait se terminer de la même façon que le récit biblique, le brouhaha des langues et l'incapacité des hommes à se comprendre faisant échec à leur tentative de toute puissance. Cet éclatement de la connaissance entretient deux idées qui font notre post-modernité. Il ne serait plus possible pour un esprit d'aujourd'hui de maîtriser l'essentiel des connaissances scientifiques de son époque. Et du fait que la connaissance puisse dépendre de points de vue, nous concluons que les concepts d'objectivité, de vérité ou d'universalité n'ont plus d'avenir.
Sans prôner de retour ni à l'encyclopédisme ni au réalisme naïf, ce livre part du principe que ces deux idées sont d'abord les conséquences de notre renoncement. Car l'éclatement de notre connaissance montre davantage les difficultés du sujet que l'état réel de nos connaissances. C'est le sujet, c'est-à-dire nous, qui proclamons la synthèse impossible et délaissons la philosophie comme possible langue commune à toutes les raisons humaines. C'est donc en s'incluant comme sujet dans la réflexion et en cherchant l'élargissement philosophique qu'on propose ici une synthèse des connaissances contemporaines sur la matière.
Entre l'ouvrage de vulgarisation scientifique et l'essai philosophique, ce livre aidera les étudiants en sciences à se faire une culture scientifique au-delà des restrictions que trop souvent leurs cursus leur imposent sous prétexte de professionnalisation et d'efficacité à court terme. Il aidera également les étudiants en philosophie ou en sciences humaines désireux d'intégrer les grands résultats des sciences de la matière dans leurs réflexions. Par sa volonté de réconcilier sciences et culture humaniste, le livre s'adresse également à toute personne consciente qu'il serait imprudent de se détourner de la science et de ses contenus sous prétexte d'une nécessaire critique des idéologies scientistes.