La poésie de Pandelis Boukàlas, attentive au présent jusque dans ses manifestations les plus infimes, mais non moins attirée par les grands mythes antiques, entrelace les deux grands thèmes éternels, amour et mort, en y ajoutant la dimension de la révolte. Une révolte sans violence : sa vision du monde est sombre et pessimiste, mais avec douceur. Sa poésie se plaît à dialoguer : avec la Muse qui a longtemps fui le poète ; avec son fils disparu à vingt ans ; avec les anciens chants populaires qu'il vénère (certains poèmes en reprennent la forme) ; avec le passé de sa langue dont il fait revivre certains mots avec gourmandise, les associant volontiers à des mots familiers d'aujourd'hui ; il aime jouer avec eux tous, acrobatiquement, y compris dans les moments de douleur - ce qui donne à ses poèmes, accablés de tristesse parfois, des allures de ballet aérien. Avec lui aussi, Sisyphe peut paraître heureux malgré tout.