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Cauchon, c’est le parangon de l’ignominie. Le traître à la France. Le bourreau de Jeanne d’Arc. À lui seul, il est la respectabilité salie de l’Université. Et Pierre Cauchon émerge à peu près seul parmi les coupables presque anonymes de cette machine judiciaire qui envoya au bûcher du Vieux Marché l’héroïne d’Orléans et de Reims. Deux écueils guettent l’historien. Le premier, c’est l’anachronisme. En ce qui concerne Cauchon, il consiste à former des jugements inspirés en leur fondement ou en leur vocabulaire par une référence implicite à des personnages tenus pour malfaisants en une époque récente. Le second, c’est l’oubli du contexte. On ne saurait s’attacher au comportement d’un Pierre Cauchon comme s’il n’appartenait à une France et à un corps que perturbent en l’espace d’une génération des affaires aussi graves que le Grand Schisme d’Occident, l’assassinat de deux princes, la guerre civile et la domination anglaise. On ne peut parler de Cauchon sans voir qu’il est témoin ou acteur d’une Église divisée par l’élection de deux papes, qui créait une Eglise sans pontife, d’une apologie du tyrannicide, d’un traité de Troyes qui bradait la Couronne et d’un autre qui réconciliait deux France séparées par deux assassinats. Et on ne saurait ignorer que l’évêque Cauchon a eu part au gouvernement de Paris comme à celui de la Normandie. Réduire l’action de Cauchon au seul procès de Jeanne d’Arc et ne voir dans l’affaire de 1431 que le seul Cauchon, homme de paille qui surgit du néant, cela condamne à ne pas comprendre ce qu’il vient faire dans l’histoire.