Julien Viaud, qui est passé à la postérité sous le nom de Pierre Loti,
est mort le 10 juin 1923, il y a quatre-vingt-quatre ans.
Contrairement à tant d'écrivains qui n'ont connu la gloire qu'à titre
posthume, il fut adulé tout au long de sa vie, non seulement par un
large public, mais aussi par les grands de ce monde. Les contrastes de
sa vie d'homme de lettres et d'officier de marine ont intrigué. La
légende romantique de ses amours avec des belles de toutes couleurs
fascinait ses contemporains avides d'exotisme. Et puis il y avait
autour de cet auteur les échos les plus provocants..., ses déguisements,
ses maquillages et ses talons hauts. Sarah Bernhardt, son
amie intime, l'appelait «Pierrot le fou». Mais ses supérieurs dans la
Royale et ses camarades de la marine supportaient ses frasques, car il
était excellent officier.
Aux conventions de l'Europe, Loti préféra la chimère de l'Orient.
C'est en Turquie que, jeune officier, il connut son plus grand amour,
sa plus périlleuse aventure, brève et tragique idylle avec une odalisque
circassienne qu'il enleva d'un harem.
Tel fut ce romantique acharné, doublé d'un mystique manqué : ses
plus ardentes prières pour la foi de ses ancêtres étaient restées sans
réponse. Tel fut ce personnage infiniment complexe, étrange et attachant,
dont Lesley Blanch, qui a cherché la vérité dans sa correspondance,
son journal intime et aussi auprès de ses descendants, fait
miroiter les multiples facettes dans cette biographie exceptionnelle.