Le logos en tant que «discours» n'est-il pas l'instrument par excellence du philosophe ?
En quoi le logos (discours) du Banquet de Platon et des Ennéades de Plotin joue-t-il
un rôle fondamental ? N'est-ce pas dans la «mise en relation» de différents
interlocuteurs dialoguant autour d'un thème fédérateur, l'amour, qui est lui-même
«relation» et mise en relation des hommes entre eux, que résiderait notamment
l'intérêt du logos platonicien du Banquet ? Le philosophe du Banquet, identifié
à la figure dynamique de l'amour-intermédiaire situé à mi-chemin entre les
hommes et les dieux, n'est-il pas celui qui se sert adéquatement du logos en vue de
«relier» les hommes aux Idées et de les acheminer à la vérité ? Le lecteur découvrira
que cette mise en relation des hommes avec les Idées et avec la vérité, réalisée par
le logos efficace du philosophe, permet en fait à Platon de lever certaines difficultés
propres à son système et de résoudre ainsi un problème d'ordre métaphysique.
Il semblerait par ailleurs que le logos de Plotin occupe, quant à lui, une position
négligeable du fait de son incapacité à exprimer l'Un. Or, une lecture approfondie
des Ennéades permet de constater qu'il est tout aussi déterminant que celui de Platon
puisqu'il se propose lui aussi de mettre en relation les hommes avec la vérité (Idées)
telle qu'elle a été saisie «intuitivement» par la pensée du philosophe. N'est-ce pas
dans le fait de traduire et d'interpréter d'une manière médiate et extérieure ce que la
pensée du philosophe a pu saisir immédiatement et intérieurement, par «intuition»,
que résiderait notamment l'un des intérêts du logos des Ennéades ? Au terme de cette
enquête portant sur le logos et l'intuition, le lecteur réalisera que Plotin développe,
contrairement à ce que soutient l'opinion commune, une philosophie du langage qui
est considérable et fort utile.