Cet ouvrage a pour projet de remettre en perspective la philosophie de Plotin à partir d’une compréhension de l’Erôs comme énergie continue traversant la totalité de l’Intelligible. Ce projet s’articule en partant de la thèse radicalement originale, dans le Traité 39, de l’Amour de soi de l’Un en tant que puissance fondatrice. L’Un s’aime lui-même, il a de ce fait la liberté de se produire, mais c’est aussi à partir de la surabondance de cet Erôs hénologique que la production de tout le réel peut avoir lieu. La procession de proto-vie à partir du Premier et l’amour diffusif de l’Un sont au centre de cette étude, comprise comme structure dynamique de la procession/conversion au sein des hypostatses. L’Erôs diffusif du Principe se manifeste doublement dans les dérivés : d’une part par le rôle régulateur de l’amour dans le système tout entier, d’autre part par son action productrice dans l’ordre de la procession. L’Amour hénologique-diffusif apparaît ainsi comme une puissance structurante, c’est pourquoi l’axiome cardinal de l’Amour de soi de l’Un est l’axiome central de la métaphysique plotinienne. Cette originarité du Premier dans et par l’Amour pose un problème crucial en regard des fondements et de la postérité du néoplatonisme : elle a conduit Plotin à poser la question la plus radicale de la métaphysique et à léguer à ses successeurs une métaphysique résolument novatrice, une Métaphysique de l’Amour.