En 1931, Le Corbusier foule pour la première fois
le sol d'Alger. Il découvre avec émerveillement
la Casbah et, après plusieurs voyages sur place,
en livre dans Poésie sur Alger une description
lumineuse, sous forme de déambulation, attentif
aux pierres, aux hommes, à la nature.
Il s'inquiète aussi des ravages de la colonisation
européenne qui a «aboli les richesses naturelles
avoisinantes et pétrifié sans remord en un désert
de pierrailles la ville neuve», et des projets
réalisés par différentes équipes d'architectes
qui lui semblent ne respecter ni le patrimoine
ni un site exceptionnel et une ville appelée
à devenir la «capitale de l'Afrique».
Il va élaborer ainsi, pendant près de dix ans, sans en
avoir véritablement reçu la mission, de nombreux
projets d'urbanisme, tous rejetés par les autorités.
Pour le moins déçu et amer, Le Corbusier
s'attellera à faire publier Poésie sur Alger, point
final artistique de son aventure algérienne.
Paru initialement en 1950 aux éditions Falaize,
ce livre qui accomplit la synthèse de ses activités
- architecturales et urbaines, littéraires et
artistiques - est une méditation parfois ironique,
souvent émue, sur ces années de réflexion intense,
années de vains projets. C'est aussi, et surtout,
un livre d'artiste dédié à une ville - comme un
adieu après une longue histoire d'amour.