La poésie n'existe plus. Ou presque.
Elle est devenue, dans l'ordre du livre, socialement invisible. C'est ailleurs qu'elle est aujourd'hui admissible, ailleurs qu'elle prospère : sur la scène (sous la forme de performances diverses).
Cependant, sa grande idée (changer la vie) demeure, à l'âge du « poétariat », plus actuelle que jamais. Je l'appelle poéthique. Loin d'être seulement programmatique, utopique, elle s'incarne en de multiples tentatives pour inventer, ici et maintenant, de nouvelles formes de vie, de nouvelles façons d'être au monde et de l'habiter quand il devient de plus en plus inhabitable.
Cette expérimentation d'un ethos dissident (dépris de la logique impériale du profit et de la marchandise) a besoin néanmoins de la poésie, au sens large comme au sens restreint. Elle passe par des livres de poésie (de littérature, de philosophie...).