L'invisibilité des « oeuvres invisibles » n'est nullement due au hasard, à des circonstances malheureuses, la perte ou la destruction. Elles ont été pensées comme telles par des artistes qui ont sciemment décidé de les offrir aux amateurs sans les leur donner à voir, ou fort peu, ou encore durant un laps de temps très limité. La plupart ont une existence matérielle avérée. Certaines négligent la vue et mobilisent, au sein des arts plastiques, l'ouïe, l'odorat, le goût, le toucher. Quant aux oeuvres qui pourraient être visibles si l'artiste n'en avait pas décidé autrement, elles sont cachées, enterrées ou occultées afin que nous ne puissions les regarder. L'effacement du primat de la vue opère un bouleversement profond dans notre rapport aux « arts visuels ».
Certaines des oeuvres regroupées dans ce panorama ont déjà été réunies au sein d'expositions consacrées à l'art invisible, notamment Invisible. Art about the Unseen 1957-2012 (Londres, 2012). Les plus fameuses, souvent commentées, ont été étudiées par les meilleurs critiques et historiens mais jamais dans une perspective globale.