Ce livre se veut un plaidoyer pour une forme souple d'accueil et
d'évaluation des textes traduits, nommée par l'auteur «lecture critique»
des traductions, qui précède et prépare la critique, au sens bermanien du
terme, et occupe un territoire assez large, se situant entre rien du tout et
pas encore. Elle fédère des formes brèves comme le compte rendu et la
recension, et (plus) élaborées comme le commentaire et l'analyse ou la
chronique et l'étude. Son but est d'explorer le texte traduit, d'identifier les
stratégies des traducteurs, d'analyser leurs solutions, pouvant aller pour
cela loin dans l'histoire de la langue et de la culture ou dans les sous-bassements
du texte.
L'expérience multiple de praticienne, théoricienne et enseignante de
la traduction littéraire a conduit l'auteur à élaborer cet ouvrage où elle se
propose de donner des suggestions et de formuler des repères pour une
lecture critique des traductions qui puissent être valables, par analogie,
pour d'autres langues et cultures. Quelques traductions dans le miroir
d'une telle lecture illustrent ces idées sur un corpus de textes de Balzac,
Jules Verne, Panaït Istrati, Raymond Queneau, Marthe Bibesco, Henri
Michaux, Yves Bonnefoy, Dominique Camus, Charles Perrault et de
contes moose et inuit, où l'on privilégie les «zones problématiques». Des
entretiens avec quelques grandes personnalités de la traductologie éclairent
autrement les alentours de la lecture critique et de la traduction.