La philosophie morale reste-t-elle possible et nécessaire ? Les succès actuels des livres de morale, des expressions telles que « génération morale », laissent penser que, malgré la crise du sujet, la réflexion morale est en plein renouveau.
Sans prôner aucun «retour» aux illusions précédant la psychanalyse, l'histoire, la sociologie et l'essor de la biologie contemporaine, Catherine Chalier, philosophe, maître de conférences à l'université de Paris-X-Nanterre, voudrait réfléchir à la responsabilité qu'impose cette nouvelle actualité de l'éthique. Pour ne pas être dupe de cette actualité, parfois si mondaine, et pour accorder tout leur poids aux actes de l'homme, la confrontation termes à termes des philosophies de Kant et de Levinas (bonne volonté, Bien, Mal, liberté, etc.) ne pouvait être que fructueuse. Avec eux, contre l'objectivisme scientiste d'aujourd'hui, Catherine Chalier rappelle que la morale ne se déduit d'aucun savoir théorique, car l'urgence et l'espérance dont est porteuse la question « Que dois-je faire ?» excèdent les limites imparties à la connaissance et trouvent tout leur sens, précisément, dans une pensée du sujet humain.
L'éthique, oeuvre de toute une vie, n'est pas une attitude éphémère ; la nécessité intérieure de penser la morale à la fin d'un siècle qui semble en avoir aboli jusqu'à l'idée demeure inentamée. En méditer la signification, c'est, inlassablement, rendre témoignage à l'humanité de l'homme.