À partir d’une discussion sur le marché européen des droits d’émission de gaz à effet de serre et sur la défunte taxe carbone à la française, cet opuscule examine les questions de politique climatique sous tous leurs aspects. Il revient longuement sur la question cruciale des instruments : taxe ou marché de droits, exemptions pour faciliter une transition douce, ajustements aux frontières. Ce faisant, il souligne les enseignements tirés du savoir économique comme les contraintes posées par l’économie politique (la lucidité limitée dont témoigne le récent avis du Conseil constitutionnel sur la taxe carbone, le lobbying pour la gratuité des quotas…).
La conception de l’architecture internationale est, elle, dominée par deux questions essentielles : les effets du dispositif sur les prix des combustibles fossiles ; la nécessaire intégration des pays en développement, qui pour être généreuse doit renoncer à l’angélisme. Car l’accumulation d’initiatives locales ne peut être suffisante pour éviter un dépassement rapide du plafond de CO2 défini par les climatologues, alors que l’échec de Copenhague illustre les obstacles politiques à un accord global efficace. Roger Guesnerie propose des voies pour surmonter ces blocages et concevoir ainsi une Realpolitik climatique globale.