Brillant romancier, anthologiste généreux, infatigable découvreur
de talents, Dave Eggers se révèle ici un nouvelliste hors
pair, à l'aise dans le récit ample et picaresque comme dans le
conte miniature. Avec une invention littéraire constante qui
n'a d'égale que son humour noir, il présente des personnages
désemparés, même dans l'abondance : suicidaires malchanceux,
vieillards mettant en scène leurs adieux, touristes nantis
et blasés, tous ont faim d'affection et d'idéal : ils n'en restent
pas moins aveugles aux besoins plus pressants qu'ils rencontrent
hors de chez eux. Dans ces fables cruelles de la mondialisation
et de l'aliénation contemporaine, il n'est de salut que
dans l'utopie qui console ou le fantastique pur et simple. Car
sous l'ironie du regard et la jubilation de la plume perce une
compassion véritable, une tendresse pour ces vies qui ressemblent
aux nôtres, et que seul, peut-être, un détail peut sauver.
Ou un éclat de rire jaune.