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La guerre finie, la paix revenue, Emmanuel Berl (1892-1976) veut comprendre ce qui est arrivé. En 1945, le « Voltaire du XXe siècle » se demande : comment un Juif va-t-il pouvoir vivre en France ? Dans Prise de sang (1946), Berl revient sur sa plus grande blessure : son pays lui a dit en 1940 qu’il n’était plus un Français comme les autres. Pour lui, il n’y a rien de plus grave qu’un pays qui reprend à quelqu’un ce qu’il lui avait donné à sa naissance. Depuis son enfance, Berl s’était toujours considéré Français avant d’être Juif. Ce sont les autres qui lui ont dit qu’il était Juif. La France de Pétain l’a exclu jusqu’à souhaiter sa mort alors qu’il avait réécrit le discours de l’Armistice de 1940, à la demande de ministres socialistes, pour qu’il soit écrit en « bon français ». Peut-il oublier la haine comme les Juifs livrés aux nazis par les Vichystes ? Dans son livre examen de conscience, Emmanuel Berl revient sur la trahison de la France envers lui et ses coreligionnaires. S’il revient sur le passé, sans le ressasser, c’est pour mieux se projeter dans l’avenir immédiat. À cinquante-quatre ans, il sait que sa vie est loin d’être finie dans une France qu’il aime tant, malgré tout. Pour la réédition de Prise de sang, nous y associons le très bel hommage à Emmanuel Berl de Bernard de Fallois, son ami et dernier éditeur.