En 2001 paraissait Putain, longue psalmodie rageuse dans laquelle une jeune inconnue, moins romancière que poète, se battait à poings nus contre certaines de nos malédictions : la dictature planétaire de l'image, « la plus vieille histoire des femmes, celle de l'examen de leur corps ». Putain n'était ni un témoignage ni une fiction, c'était une danse de guerre - et une étourdissante prouesse littéraire. Cependant, jetée devant les caméras, l'auteure s'y révélait aussi embarrassée que ses personnages. Malaise et malentendu : une guerrière, oui, mais dépourvue d'armure. Le 24 septembre 2009, quelques heures avant un passage à la télévision, Nelly Arcan se donnait la mort dans son appartement de Montréal.
À dix ans de distance, il était indispensable de rééditer ce livre « scandaleusement intime ». Une des voix les plus singulières et les plus radicales d'outre-Atlantique.