« Le rêve qui me semble le plus attachant est celui d'une société androgyne et sans genre (mais pas sans sexe) où l'anatomie sexuelle n'aurait rien à voir avec qui l'on est, ce que l'on fait, ni avec qui on fait l'amour. » Le rêve poursuivi par les études de genre, ici formulé par Gayle Rubin, est à la fois sexuel et politique, celui d'une émancipation des sexualités à l'égard de la nature et d'une égalité entre les sexes, entre les choix sexuels.
La psychanalyse, de son côté, soutient que la sexualité humaine n'est ni naturelle, ni contre-nature, elle est dé-naturée. Et quand la nature tente de refaire surface, à l'heure des transformations de la puberté, c'est pour trébucher en terrain miné par le sexuel infantile. Ce n'est pas en psychanalyse que l'on peut fonder un quelconque primat de l'hétérosexualité.
Pourtant, l'apparente convergence le cède vite au différend. Il n'y a aucune chance de rencontrer dans l'inconscient une quelconque égalité entre les sexes ou les orientations sexuelles. L'inconscient du plus démocrate des hommes ignore la parité, l'inconscient de la plus féministe des femmes ignore l'égalité. Ce qui les fait penser l'un et l'autre n'est pas ce qui les fait jouir.