Au regard de l'étiage auquel est aujourd'hui tombée la vie politique italienne, on mesure l'étendue de la perte que constitue la liquidation en 1991 de cette organisation de masse qu'était le PCI. Le travail de trois générations de militants sacrifié en 15 mois sur l'autel du mouvementisme sociétal, du happening multipolaire et de l'abandon de la centralité de la lutte des classes. Pour donner quoi ? Un autre parti (PDS) qui changera encore deux fois de nom pour un échouage final dans un alliage avec un pan de l'ex-Démocratie chrétienne...
Pourtant ce coup de force n'a pas été un coup de tonnerre dans un ciel serein, mais le résultat d'une longue incubation d'un PC où grandissait le réformisme et pour lequel la chute de l'URSS ne sera en fait qu'une aubaine saisie au vol pour le passage à l'acte final.
Cette étude du cas italien réalisée de manière magistrale par Guido Liguori, est en même temps une formidable leçon pour tout PC tenté ou... déjà très engagé dans un processus réformiste. À moins de vouloir sacrifier encore trois générations pour reconstruire depuis zéro une telle organisation, seul gage d'efficacité et de sérieux dans les luttes sociales.