Le philosophe marxiste vietnamien Tran Duc Thao (1917-1993), exerça une réelle fascination sur les intellectuels dans la France d'après-guerre (Sartre, Merleau-Ponty, Althusser, etc.), notamment à travers son premier ouvrage Phénoménologie et matérialisme dialectique.
De retour au Viet Nam en 1951, il y continua ses travaux, dont son second et présent livre, initialement publié en 1973, fut le fruit. Y sont rassemblées les trois recherches (respectivement sur le geste de l'indication, sur le langage syncrétique et sur le complexe oedipien) que Tran Duc Thao a consacrées aux origines de la conscience et du langage.
L'immense mérite de ce livre est sans doute, en croisant paléoanthropologie et développement linguistique de l'enfant, réquisitionnant toutes les avancées scientifiques dans ces deux domaines, de mettre en évidence que la conscience et le langage intérieur se constituent à partir d'un « langage de la vie réelle » originaire, non conscient, émanation directe de l'activité matérielle des hommes. L'unique moteur de notre réalité s'y confirme donc être l'activité humaine, comme l'avait posé Marx, seule prescriptrice et ordonnatrice d'abord du langage gestuel (geste de l'imitation qui devient geste de l'indication) s'élaborant ensuite en langage syncrétique qui se différenciera à son tour pour donner naissance successivement au nom typique, au verbe typique, jusqu'à la phrase proprement dite sous sa forme constituée.