Qui connaît les imposantes silhouettes des Réformateurs du mur de la Cité de Calvin conviendra qu'il en manque peut-être quelques-unes... Des Réformatrices, peut-être ? C'est pour faire entendre leurs voix que cet ouvrage collectif rassemble non seulement les portraits, mais aussi des extraits des écrits de femmes théologiennes, intellectuelles et engagées, portées par la Réforme et porteuses de son esprit. Du XVIe au XXIe siècle, chacune se fait l'écho d'une protestation positive motivée par une volonté de changement.
Un livre essentiel pour qu'on ne voie plus (seulement) le mâle partout.
En marge ?
(Martin à Margarete) ... J'ai beaucoup à faire. De même, mon épouse fait la lessive et elle vous remercie grandement pour votre petit présent. Elle vous prie de prendre en bonne part le fait qu'elle ne vous écrive pas : il lui faut cuisiner pour nous tous. Nous avons sept garçons en pension, sans compter nos quatre enfants ; elle a pour aide une servante à mi-temps, qui porte le bois et l'eau, ainsi qu'une petite bonne d'enfants. Il me faut vous écrire cela pour l'excuser, sans quoi elle me grondera. Mais de toute manière, elle n'écrit pas volontiers.
(Elisabeth) J'écrirais volontiers si, avec mes faibles moyens, ces ventres affamés m'en laissaient le temps. Mais que Dieu lui-même vous écrive et se donne à vous en remerciement pour tous les bienfaits que vous nous témoignez. Et s'il était possible de passer de la volonté aux actes, je vous remercierais bien volontiers de vive voix. [...] Je vous souhaite bien des bonnes nuits. Priez Dieu pour nous ! Il me faut me rendre à la cuisine. [...]
(Martin) Ab, les femmes n'aiment pas être réprimandées ! Elle a écrit cela pour me narguer, car autrement, elle n'écrit pas volontiers. Allons, que Dieu, le Père bien-aimé, nous donne à tous de nous réjouir en lui en tout temps. Amen.