Juan José Linz est l'une des figures les plus marquantes de la sociologie
politique à l'échelle mondiale. Après avoir vécu au confluent des trois
cultures espagnole, allemande et nord-américaine, il est aujourd'hui
professeur émérite à l'université de Yale. Il a consacré l'essentiel de ses
travaux à l'enracinement aussi bien qu'à l'échec des nouveaux gouvernements
démocratiques depuis la Première Guerre mondiale, et cela tant en
Europe qu'en Amérique latine, en Afrique ou en Asie orientale. Pourtant,
contrairement à ce que l'on observe aux États-Unis, en Italie ou en Espagne,
ses travaux restent méconnus du public français.
Ce livre, le plus important que Linz ait publié, vient combler cette lacune.
Pour envisager la démocratie, il traite de façon à première vue paradoxale de
la «non-démocratie», c'est-à-dire des régimes autoritaires de toutes espèces
ainsi que des deux types de systèmes totalitaires nazis et communistes,
perçus les uns et les autres moins dans la perspective idéologique ou
philosophique la plus courante que dans les mécanismes mêmes de leur
pouvoir. L'auteur nous livre ainsi une réflexion solide sur la nature des
régimes non démocratiques et développe la distinction fondamentale entre
les régimes totalitaires et autoritaires. Alors que l'autoritarisme populiste
renaît en Amérique latine et que le cycle des coups d'État militaires semble
reprendre, en particulier en Asie du Sud-Est, cet ouvrage de référence
retrouve une pleine actualité.