Le séminaire La vie la mort a été donné par Jacques Derrida en 1975-1976 à l’École normale supérieure, en vue de la préparation à l’agrégation de philosophie. Derrida en publia plusieurs extraits de son vivant. Néanmoins, une grande partie du séminaire resta inédite jusqu’en 2019, conservée dans ses archives : il s’agissait de la presque totalité d’une lecture critique de l’interprétation de Nietzsche par Heidegger, et d’une approche frontale de l’un des textes fondateurs de la biologie moléculaire, La logique du vivant de François Jacob.
Dans De la grammatologie, Derrida avait déjà établi avec clarté la relation entre sa pensée de la trace ou de l’écriture généralisée, et la question du vivant et de son historicité. Bien que cet aspect de la pensée derridienne soit central, ce n’est que depuis la publication de La vie la mort qu’un intérêt pour ces rapports s’est affirmé. Il continue d’alimenter des débats qui positionnent la pensée déconstructive face à des options contemporaines comme le nouveau réalisme, le nouveau matérialisme, la pensée biopolitique ou l’organologique. La vie la mort fournit ainsi des éléments précieux pour repenser le statut des sciences, mais aussi le rapport entre la philosophie, les sciences et l’écriture dite littéraire.