Retour à Ostende
Les figures souvent grotesques créées par James Ensor
s'animent. Elles évoquent la mer du Nord, Ostende
la ville balnéaire et ses habitants évanouis, le retour
du carnaval ou le célèbre Bal du Rat mort. Libérées
des tableaux où leur apparition continue à nous
surprendre, elles haussent parfois le ton entre les
murs d'une baraque abandonnée, se répondent et
s'affrontent. Elles aimeraient régler de vieux comptes.
Elles interpellent un visiteur à la nature incertaine. Tout
à la fois ancrées dans leur époque et hors du temps,
les voix interrogent, avec une ironie d'outre-tombe, la
disparition des corps qui un jour les habillèrent. Avoir
connu semblable mascarade est-il possible ailleurs
qu'en un rêve où l'on croisera les ombres de Proust,
Rilke, Roth, Celan ou Perec bien vivant, installé à la
terrasse d'un café ?