L'ancien meilleur apprenti pleureur final Krapotze espérait encore être élu Grand Suicideur, pendant qu'il emmenait son fidèle complice chez Frauline-l'Illuminatrice, là où elle ne pourrait donner naissance à l'unique brodeur de linceul pour oiseaux, le grand Rapetissé, qu'après avoir refusé d'en pleurer la future disparition et rendu sa liberté à l'unique larme encore prisonnière de son âme. Et quand devenus traqueur et poursuiveur de voleurs et de truqueurs de rêves, Krapotze et son complice réussiront à n'être ni grandis ni perdus par leur sublime vanité à vouloir incarner les prodigieuses ombres acharnées à poursuivre l'ombre noire de l'Arracheur de mémoire, personne ne pourra plus les empêcher d'entrevoir encore une fois la Sauveuse, revenue des confins du seul vrai rêve qu'aura été leur vie, pour leur souffler d'oublier que c'était grâce à elle qu'ils étaient nés pour disparaître et qu'ils comprendraient enfin pourquoi elle connaissait toujours tout sans jamais rien reconnaître.
Depuis la publication des Régions céréalières (Gallimard, 1976), « l'écriture de Jean-Marc Lovay fait exister un univers mental hanté par la folie, un monde de machinations fantastiques et d'agressions obsédantes dont l'exploration est conduite avec rigueur, humour et dans une cohérence angoissante » (Charles Méla). Ainsi dans « Berceuse », le premier des deux chapitres de Réverbération, neuvième roman de Lovay, le personnage central est précipité au coeur même d'une campagne électorale pour faire miroiter des « suicides généralisés avec ou sans enrichissement de sommeil ».