La révolutionnaire professionnel
Un terrain politique et sociologique
Le professionnalisme fait le lien entre mes familles militantes d'origine et d'adoption. C'est le même professionnalisme que je conseille à mes étudiants, comme aux divers apprentis militants, politiques ou associatifs. En effet, le même besoin de constance et de permanence se fait ressentir aussi dans le bénévolat. Pourtant, la créativité, la liberté, l'anticonformisme me semblent tout aussi vitaux, quelle que soit l'activité. Construire dans le mouvement, chercher des opportunités pour avancer, voilà ce qui me motive, en sociologie comme en politique. Académique, je raisonne toujours comme un outsider, léniniste, j'étais porté à l'improvisation, comme démoulé à chaud. Ceci a produit certes quelques malentendus ou inadaptations, dont il est question dans ce livre, mais cela pose aussi une question névralgique, notamment pour les révolutionnaires, celle de la cohabitation entre audace et persévérance. Cette plongée autobiographique toute subjective à Lutte Ouvrière alimente donc par là un bilan anthropologique de l'extrême gauche, de ses pratiques les plus mouvementistes aux plus hiérarchiques, de son courage subjectif à son conformisme le plus plat, du plus grand désintéressement à la défense mesquine de micro-pouvoirs, de potentiels inassouvis à leurs limites historiques.
100 ans après la mort de Lénine, au travers d'un voyage dans la forteresse la moins connue du trotskisme, se pose ou se repose la question : comment être, ou ne pas être, révolutionnaire professionnel ?
« Fils de militants de gauche, un sociologue et une psychanalyste, deux professionnels qui "bossaient tout le temps", selon le propos rétrospectif de ma défunte mère, je raisonne toujours comme un outsider. »