La brève existence de Richard III (1452-1485) se situe au crépuscule du Moyen Âge et à l'aube de la Renaissance, en ces temps troublés de la guerre des Deux-Roses opposant les familles d'York et de Lancastre, soit une période « pleine de bruit et de fureur », de meurtres et de trahisons, où les valeurs chevaleresques médiévales cèdent la place au réalisme froid des Temps modernes. Richard incarne les déchirures de son époque : pieux, vertueux, courageux et nostalgique du passé féodal, il doit pourtant agir en prince machiavélique. C'est ainsi qu'il usurpe la couronne d'Angleterre en faisant assassiner ses neveux enfermés dans la Tour de Londres. Après un règne de deux ans seulement, marqué par de multiples complots et exécutions, il périt à la bataille de Bosworth. Voilà pour le Richard réel, qui demeure une figure énigmatique.
Cependant, ce destin tragique a été transfiguré par le génie de Shakespeare, qui en a fait un roi maudit, un monstre absolu, qui disparaît en hurlant sa fureur impuissante : « Un cheval ! Mon royaume pour un cheval ! » Fondée sur les chroniques tendancieuses de la propagande des Tudors, cette image théâtrale s'est largement imposée aux yeux du grand public et continue à diviser les historiens. Le présent ouvrage se veut une tentative pour comprendre la vie et les actions de ce souverain controversé en le replaçant dans le contexte de la fin du XVe siècle, époque d'excès en tout genre et de profondes mutations. Il y parvient de manière captivante, grâce à la plume passionnée et savante de Georges Minois, et se hisse à la hauteur de l'étonnant destin de ce roi tourmenté.