On évoque souvent une césure coupant la vie de Rimbaud en deux, de sorte qu'il y aurait deux Rimbaud quasiment incompatibles.
La correspondance du poète itinérant - lorsqu'on la restitue dans sa vérité, puisqu'elle fut détournée, principalement par sa famille - souligne cependant la continuité de son caractère.
La cohérence de son être repose sur la permanence d'un double désir : celui d'être rentier et celui d'un sentiment d'exil originel : « Si j'avais le moyen de voyager, écrit-il, sans être forcé de séjourner pour travailler et gagner l'existence, on ne me verrait pas deux mois à la même place. » Et c'est sans doute cette détestation de l'endroit où l'on est, « l'ici », les Ardennes, Aden, le Harar ou ailleurs, qui transformera la destinée d'Arthur Rimbaud en un long et immense exode à marche forcée jusqu'à sa triste fin.