Replacé dans une longue durée de l'imaginaire qui va du IVe siècle - celui d'Athanase qui écrivit la première Vie de saint Antoine - jusqu'à la fin du XVe siècle, avec le Mystère de saint Antoine en Viennois, en passant par les légendes dorées médiévales, saint Antoine l'ermite, « père des moines », révèle un nouveau visage. Le croisement des savoirs, faisant appel à l'anthropologie et au comparatisme, à l'histoire des idées et des croyances religieuses (pour expliquer le symbole du tau ou celui du cochon associés au saint), à l'histoire de l'art enfin (avec le témoignage d'Huysmans sur la représentation picturale des tentations), permet de scruter cette figure-clé de la «mythologie chrétienne». Ainsi, entre légende et mythe peut se définir, autour d'Antoine le mélancolique et l'initié, l'unité d'une tradition culturelle qui, par-delà les siècles et peut-être même les civilisations, fait dialoguer l'Orient et l'Occident, le texte et l'image, l'Antiquité, le Moyen Âge et la Modernité.