Diverses circonstances concoururent à me donner de très-bonne heure ce qu’on appelle « le goût de la mer. » En premier lieu, ma mère me mit au monde au bruit d’une tempête. Telle était la violence du vent, la pluie battait les murailles et le toit avec une telle force, qu’on se préparait à transporter l’accouchée dans une partie plus solide de notre demeure, qui tremblait du grenier à la cave. En effet, les mugissements des vagues sur la côte voisine, le sifflement de l’ouragan dans la forêt, l’ébranlement de la maison, firent, dans cette nuit mémorable, une impression si vive sur tous ceux qui étaient là présents, qu’aussitôt que je fus en âge de comprendre la parole, tout ce que j’entendis raconter de ma naissance commença à jeter dans mon esprit les semences de ma vie future.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.