Les huit premiers versets de la Genèse forment un tout, par la densité même
des images sur lesquelles s'est exercée une exégèse scientifique, philosophico-théologique et spirituelle multiséculaire pour élaborer une métaphysique et une
spiritualité de la création. Comment cette spéculation se dégage-t-elle des images
bibliques construites par couples d'opposés - ciel/terre, lumière/ténèbres, eaux
d'en haut/eaux d'en bas ?
Les huit premiers versets de la Genèse parlent de la création : commencement du
monde, principe divin du monde, affirmation d'une toute-puissance en action.
Mais du texte hébreu à ses versions grecques et latines, ce texte fondateur pose de
nombreuses difficultés de vocabulaire et d'interprétation, difficultés auxquelles
se sont confrontés les exégètes du monde antique et médiéval. Que ce soit dans
la littérature exégétique, encyclopédique, poétique, voire dans les représentations
figurées, l'articulation de l'exégèse n'est pas univoque, mais dépend des langages
adoptés, littéraires ou artistiques, tout autant que des objectifs poursuivis. On
assiste à la mise en oeuvre d'une culture diversifiée, mais cette diversification
recoupe souvent une non-diversification dans l'interprétation qui est, au moins
tendanciellement, d'ordre spirituel. Réciproquement, dans le déchiffrement du
monde, les différents savoirs constituent autant de degrés qui mènent à Dieu.
Il est d'autres questions, d'ordre plus spécifiquement « littéraire » : comment les
exégètes antiques ou médiévaux ont-ils abordé ce récit de la Création ? Quelle(s)
logique(s) du texte sacré ont-ils dégagée(s) au fil du temps ? Comment problèmes
et réponses évoluent-ils à travers les commentaires en hébreu, en grec ou en latin ?
À l'étude du substrat scientifico-philosophique doit donc s'ajouter celle de la
mise en forme du texte.