Dissident est-allemand réfugié aux États-Unis, Stefan Vogel est
une personne déplacée. Dans les deux sens du terme. Parce qu'il
arrive d'ailleurs. Mais aussi parce qu'il est mal parti de son pays
natal. Enfin, disons que Stefan Vogel n'est pas Stefan Vogel, en
tout cas pas celui qu'on croit.
Il a commencé très tôt à mentir, dans un monde où seule la
dissimulation payait. Et il a continué. Il s'est enfermé dans le
mensonge. Et c'est encore un mensonge qui lui permettra de
quitter l'enfer. Et le nouveau paradis où il espérait qu'on ne le
retrouverait jamais.
Le narrateur de ce beau roman est un imposteur ; celui de
L'homme licorne, le précédent roman de l'auteur, ne trouvait pas
non plus une vraie place dans son pays d'accueil. James Lasdun
serait-il lui aussi une personne déplacée ? En tout cas, sa place
de romancier ne fait aucun doute : parmi les premières de la
littérature actuelle.
P. C.