Sociologie de la religion
Achevée pour l'essentiel en 1913, la Sociologie de la religion
est le grand manuel synthétique qui fait pendant, aux études
de Max Weber sur le protestantisme, le judaïsme et les religions
de l'Asie. Initialement conçue comme une section de l'ensemble
posthume Économie et société, cette étude fait ici l'objet
d'une édition séparée et d'une traduction annotée et commentée
par la sociologue Isabelle Kalinowski.
Max Weber y livre les outils d'une approche à la fois systématique
et remarquablement subtile des pratiques religieuses :
la Sociologie de la religion est non seulement une source d'inspiration
pour le sociologue, l'historien ou l'anthropologue, mais aussi
une leçon de tolérance par l'éducation à la finesse du regard.
En rupture avec l'évolutionnisme ethnocentrique de son époque,
Weber insiste moins sur les différences culturelles
et interreligieuses que sur les lignes de conflits internes à toutes
les religions. Une violente tension sociale oppose selon lui
le pôle occupé par les détenteurs professionnels du « savoir »
religieux, attachés à la définition de dogmes et à la préservation
de la stabilité des institutions, au pôle où se retrouvent à la fois
des « prophètes » et des « virtuoses » religieux en rupture avec
les rites et les institutions, ainsi que des laïcs toujours soucieux
de rappeler que la religion doit aussi répondre à des attentes
« magiques » de bienfaits dans la vie quotidienne et de secours
face à l'âpreté du destin.