«L'autorité d'Aristote n'a pas grand poids pour moi» déclare
Spinoza à Hugo Boxel. Mais cette défiance à l'égard d'une autorité
déclinante n'empêche pas qu'Aristote se trouve être, après
Descartes, le deuxième auteur le plus cité par Spinoza. La mise
au jour de l'édition des OEuvres complètes d'Aristote utilisée par
Spinoza ayant, pour la première fois, permis de conclure à l'existence
d'une lecture de première main, Frédéric Manzini montre avec
cet outil la nécessité de réévaluer les rapports entre les deux
philosophes dans toute leur complexité par la confrontation
systématique des deux systèmes. Depuis l'éthique jusqu'à la
métaphysique en passant par la théorie de la connaissance, Aristote
est un interlocuteur avec lequel Spinoza ne cesse de polémiquer.
L'Éthique se présente ainsi comme la nouvelle Éthique à Nicomaque,
que Spinoza espère rendre enfin universelle, première et
vraie en la démontrant à partir de principes certains.