«Les soins palliatifs cherchent à soulager la souffrance psychologique, "voire spirituelle" », indiquent discrètement les propositions de la Mission de l'Assemblée nationale sur l'accompagnement de la fin de vie, en 2004.
Cette même année, quelques spécialistes de la sociologie des religions posent une belle question : « Dieu aime-t-il les malades ? ». Les réponses qu'ils donnent sont bien pauvres.
Pourtant, je suis très frappé par le rayonnement spirituel (je n'ai pas d'autres mots) des malades. Mais il n'est pas pris en compte. On préfère l'obsession de la psyché : rêves et cauchemars... Alors que la maladie et, en particulier, le cancer révèlent plus que l'inconscient.
Malgré tout, le spirituel est encore bien présent dans les hôpitaux. Les aumôniers sont membres à part entière du personnel hospitalier. Les crucifix ont été remplacés par des icônes ou des médailles, souvent discrètes, que les malades eux-mêmes posent sur les tables de nuit ou accrochent à leur pyjama. Nous, médecins, faisons comme si nous ne les voyions pas.
En refusant le spirituel, nous jouons les scientifiques exclusifs, sans cesser d'être humains. Ne passerions-nous pas à côté d'une partie essentielle de ce qui fait l'homme ?
C'est donc au nom de nombreux malades atteints de cancer, que j'ai soignés, suivis, aidés parfois à guérir, accompagnés souvent, aussi, au seuil de l'autre vie, que je publie ce petit ouvrage de réflexion. C'est à eux que je le dédie, car ils m'ont fortement interpellé, ils ont éclairé bien des questions que je me posais sur l'homme... et ils m'ont si souvent aidé, eux aussi !