«Et je dois vous dire qui je suis. Je suis la substance présente, je suis la chair et le verbe mêlés, je suis l'homme vaincu au service du mystère, je suis le fou et la bête, la femme, le bègue et l'étranger. Je suis l'enfant et le fauve, le cerf et la biche, la biche qui danse parce qu'elle n'a plus honte et le cerf qui danse parce qu'il n'est plus fier. Je suis la clairière et la forêt, je suis l'eau, le feu et la terre à venir. Je suis ce que nous sommes. Et nous sommes l'autre.»
Lorette Nobécourt fait le bilan de l'humanité qui s'est éloignée de l'humain : les foules meurtrières, la barbarie, l'innocence pervertie, les bêtes abattues et la nature pourrie. Tout cela doit être pris en charge et transfiguré. Langue est substance. Et c'est là que prend essor ce livre époustouflant qui, d'un seul geste d'écriture, fait le constat de qui nous sommes pour nous porter là où a lieu la fracassante fusion du corps et du verbe.